Si la pratique musicale collective représente un des aspects les plus motivants de notre métier de "musicien-professeur", c'est aussi une prise de risque majeure vis à vis d'élèves tout à tour blasés ou enthousiastes, inertes ou motivés selon que ce qu'on leur propose les rebute ou les séduit. Un précédent Info-Musicollège a déjà évoqué ce qui relève de la pratique vocale collective. Le présent numéro aborde la question tout aussi fondamentale des pratiques instrumentales. Evoquées - mais non imposées - par les programmes en vigueur, ces pratiques se traduisent majoritairement en cours par l'utilisation des flûtes à bec, des percussions (de plus en plus diversifiées), plus rarement des claviers électroniques ou des technologies nouvelles. Beaucoup de professeurs, en l'état actuel de notre discipline, s'y disent très attachés par l'aspect concret qu'elles apportent à l'éducation musicale.
Dès sa création, la collection Musicollège a donné une place centrale aux pratiques instrumentales et celles-ci n'ont rien d'obsolète vingt ans plus tard, même si bien des évolutions se sont faites. La flûte à bec bien jouée, dans une pratique adaptée aux élèves, reste un vecteur très efficace de découverte de la musique, pour peu que la démarche pédagogique soit cohérente et que le professeur ait une maîtrise suffisante de l'instrument. Le respect de progressions rigoureuses, ossature pédagogique incontournable des Musicollège, implique qu'ils soient utilisés pour ce qu'ils sont : une succession méthodique de leçons faites pour s'enchaîner et non un recueil de textes où l'on puise au hasard selon l'humeur ou les goûts du moment. La flûte n'est d'ailleurs pas seule en cause. Les percussions nécessitent aussi des étapes d'acquisition progressives, et les "doigtés rythmiques" proposés ne sont pas là pour compliquer, mais pour construire une technicité minimale. Leur respect facilite grandement la maîtrise individuelle et la pratique collective. Ainsi, les compétences se forgent au fur et à mesure des leçons, puis des manuels successifs et on aboutit en classe de troisième à des pratiques instrumentales solidement construites - et donc valorisantes - suffisamment variées pour répondre à la diversité des élèves.
Conduire un enseignement sans pratique instrumentale serait une gageure que nous avons d'ailleurs connue à l'époque où elle n'avait pas sa place dans l'éducation musicale. Celle-ci n'en était qu'à ses débuts, et la massification n'avait pas encore mis sur le même banc des élèves aux compétences et aux cultures parfois divergentes. Le chant et l'écoute seuls ne suffisent pas pour donner accès à la musique, surtout dans le cadre d'une heure hebdomadaire. On ne se situe pas dans un enseignement maîtrisien, décliné au quotidien, et la voix est un merveilleux instrument mais hélas ! pas pour tous nos élèves, en particulier les garçons en période de mue. Ils ont alors besoin de l'aide concrète de l'instrument. "Jouer de la musique" fait d'ailleurs référence à l'instrument dans ce qu'il apporte de ludique et d'expérimental. Et si le meilleur instrument pour une pratique collective est encore à inventer, disons que le plus abordable serait le moins coûteux, le plus facile à transporter, toujours disponible en classe aussi bien qu'à la maison pour que l'élève puisse retravailler ce qu'il a pratiqué en cours... Les CD d'accompagnement restituent alors le climat musical vécu en classe et facilitent un travail individuel souvent demandé, mais sur lequel il est difficile de compter !
Les différents Info-Musicollège ont précisé bien des pistes pédagogiques. S'il subsistait quelques méconnaissances qui conduiraient à utiliser les Musicollège (Objectif ou Théma 5e) pour ce qu'ils ne sont pas - de simples recueils de textes - alors retrouvez, en lisant ces ouvrages dans leur continuité, les clés de leurs progressions.
L'équipe Musicollège