Activité d'enseignement, l'évaluation ne peut être abordée efficacement que lorsque les démarches pédagogiques sont définies avec précision.
A ce titre, Musicollège offre un terrain particulièrement favorable.
Résultant d'observations dans des domaines complexes et très différents - connaissance, savoir-faire, aptitudes - l'évaluation est difficile à mettre en oeuvre. Et la tentation est grande, pour des professeurs déjà gravement atteints de "réunionnite'' et "d'effectivite" de soigner leurs maux en administrant à leurs élèves une potion écrite trimestrielle en dix questions !
Trois types de réflexion doivent être menés pour cerner les contraintes de l'évaluation dès la classe de sixième :
- les modalités générales d'évaluation.
- les champs d'évaluation.
- les objectifs pédagogiques à atteindre.
Modalités générales d'évaluation
Les exercices doivent être :
- fréquents et courts,
- écrits et oraux, en privilégiant ces derniers compte tenu de la nature de la musique,
- intégrés dans le déroulement naturel de la leçon,
- mis en oeuvre, à l'exception des contrôles de connaissance, après une pratique collective,
- ciblés avec soin et énoncés de manière aussi simple que possible.
Portant sur un ensemble de connaissances ou un répertoire vocal ou instrumental, l'évaluation sommation n'est pas révélatrice parce qu'elle ne permet pas de porter un diagnostic fiable sur les capacités de l'élève, et ne doit être mise en oeuvre qu'exceptionnellement.
Champs d'évaluation
Les champs d'évaluation délimitent les différents domaines qui doivent être notés :
- la pratique vocale,
- la pratique rythmique et instrumentale,
- les capacités de lecture, d'écriture et d'audition,
- les connaissances théoriques et culturelles,
- le comportement (travail, concentration, participation, soin).
L'ensemble de ces champs ne peut être évalué chaque trimestre, mais il importe que la totalité des élèves soit notée à unmoment donné dans des domaine identiques, et que la note globale attribuée ne porte pas, pour les uns sur les capacités vocales, pour les autres sur des connaissances théoriques par exemple.
Savoir respirer, chanter juste, en mesure et en articulant ; les interrogations doivent être incessantes et sont d'autant plus naturelles qu'elles procèdent du dialogue (ex : Le P'tit Mercelot Mus. 6 ; tutti mesures 1 à 8, soli mes. 9 à 16).
Pour les "bourdons", interroger l'élève en recherchant la tonalité propre à sa tessiture.
Savoir frapper avec précision des formules rythmiques ou des phrases courtes par imitation, sur deux niveaux corporels par exemple, de manière à apprécier les capacités de coordination.
Ne négligez pas le rythme ; la précision rythmique conditionne tout travail en dialogue.
Maîtriser les doigtés flûte au menton ou en jouant pour vérifier leur assimilation ; apprécier la qualité de l'émission sonore justesse, intensité, attaque) et la bonne tenue corporelle.
Savoir jouer avec aisance cinq formules de base résumant les progressions des acquisitions techniques :
Savoir interpréter, à vue ou par coeur, quelques extraits du répertoire travaillé.
Savoir reconnaître par l'écoute, puis lire et écrire les formules mélodiques et rythmiques encadrées ; savoir identifier des sons conjoints ascendants et descendants ; repérer les intervalles de quarte et d'octave.
Savoir écrire spontanément sur portée, sous la dictée parlée du professeur, les notes apprises ; par exemple :
Savoir reconnaître le timbre des instruments et des formations auxquelles ils appartiennent.
Avoir une bonne connaissance de la terminologie (tonique, barre de reprise, canon, etc.) contenue en caractères gras dans les encadrés.
Avoir une connaissance élémentaire des instruments, de leur famille et de leur mode de production sonore.
Une véritable évaluation repose sur la prise en compte de tous ces champs.
Leur liste peut apparaître longue et la procédure proposée lourde, notamment parce qu'elle implique pour certains des changements d'habitude !
Mais rompus à surmonter tant de difficultés nous sommes certains que vous résoudrez ces questions avec aisance et élégance !
Les traquenards de l'évaluation : Les élèves sages écoutent-ils ou rêvent-ils ?
L'élève actif lit-il ou écrit-il ?
Et surtout, ne vous sous-évaluez pas !