Complémentaire de la pratique musicale, l'audition d'oeuvres développe les capacités de l'oreille et apporte la dimension culturelle, nécessaire à toute éducation musicale.
Sitôt entendue, la musique disparaît
Elle laisse la mémoire des élèves aux prises avec l'imagination pour décrire une suite de phénomènes sonores et essayer de percevoir les liens qui les rattachent. Et au terme de trois minutes d'écoute d'une musique inconnue, les adultes que nous sommes sont parfois bien en peine d'en donner une connaissance claire.
Avez-vous déjà essayé ?
Pour être efficace, l'audition d'oeuvres passe par l'acquisition d'une technique d'écoute pour laquelle Musicollège propose, à chaque niveau, un champ d'investigation et une méthode de travail.
L'écoute de l'oeuvre représente pour les élèves une énigme dont la première clé est l'identification du matériel sonore. La triple association timbre - nom - image de l'instrument est indispensable pour permettre un premier pas dans la concrétisation de l'écoute.
C'est pourquoi l'audition d'oeuvres est orientée en classe de sixième autour des principales formations instrumentales et d'un instrument par formation.
Ces formations apportent une première connaissance de la palette sonore en même temps qu'elles sensibilisent à la diversité des groupes instrumentaux les plus courants.
L'écoute approfondie de quelques instruments permet de définir les qualités du son (intensité, hauteur, durée) et d'en mémoriser le timbre.
Cette limite dans la connaissance du nombre des instruments peut surprendre certains professeurs. Mais il s'agit d'une première approche du matériel sonore ! D'autres champs d'investigation - époque et styles, formes musicales... - seront l'occasion de connaître d'autres timbres de façon plus judicieuse (l'orgue à travers la fugue par exemple).
Elles inculquent une méthode d'analyse par étapes successives, ce qui suppose de fréquents aller et retour entre le passage écouté et les questions posées. Ces auditions répétées favorisent la mémorisation de l'extrait étudié et permettent, par questionnements successifs, une approche objective de l'oeuvre.
La première grille conduit, pour chaque famille instrumentale, à une approche globale de la formation considérée (le trio d'anches pour la famille des bois par exemple). De l'observation des rapports entre les instruments découle déjà une compréhension de la structure musicale (qui joue la mélodie principale ? qui assure l'accompagnement ?)
La seconde grille fait découvrir un instrument de cette famille, choisi par le professeur.
Au moyen d'adjectifs proposés aux élèves,
- on definit les caractéristiques de l'instrument en se limitant aux notions indispensables (grave et grand !) et aux termes spécifiques (embouchure ou anche simple...),
- on évalue les qualités de l'instrument et la manière de jouer pour essayer de qualifier le son tel qu'il apparaît dans l'extrait choisi.
C'est le moment d'une écoute individuelle attentive, éveillant et associant concentration, intelligence, sensibilité et acuité auditive.
L'encadré permet à l'élève de reporter les éléments culturels livrés par le professeur pendant ou à l'issue du travail.
La reconnaissance des timbres acquise, l'élève dispose d'un outil fiable pour explorer la musique dans ses autres aspects.
Les grilles d'écoute donnent une méthode de travail : elles canalisent l'attention sur ce qui est essentiel, fournissent un vocabulaire technique, déjà rencontré dans la pratique musicale, et proposent un travail réaliste et équilibré sur une année scolaire (une dizaine d'oeuvre écoutées).
Elles obligent à aborder la musique sans verbiage ("Madame, on dirait que ça va exploser !") ou excès d'organologie ("La pression nécessaire pour enfoncer une touche de piano est de 80 grammes !"), et doivent être remplies avec application, en utilisant de la couleur.
Rien cependant n'empêche d'écouter de la musique pour le plaisir et le climat poétique qui s'en dégage, surtout si ce passage a donné lieu à un travail d'écoute.
L'audition sera d'autant plus riche qu'on aura appris à l'élève à écouter dans le silence.