Si la voix est un enjeu majeur du cours d'éducation musicale
l'écoute d'oeuvres constitue un moment privilégié.
Si en chantant, on fait de la musique, en l'écoutant, on apprend à l'entendre.
Avec la pratique musicale dont elle est complémentaire, l'activité d'écoute occupe donc une place fondamentale. Si sa mise en oeuvre paraît plus facile à beaucoup, elle n'en est pas moins délicate par certains aspects. L'analyse des programmes et la mise en évidence de quelques embûches faciliteront la réussite de cette activité.
L'activité d'écoute prend appui sur un répertoire de six oeuvres (on extraits significatifs) de genres, (le styles et d'époques différents. Autour de ces six oeuvres, l'audition de brefs extraits ... enrichit la démarche d'écoute et fait percevoir des correspondances.
On constate l'étroite analogie de ces instructions avec le programme de chant, dans la notion de répertoire (c'est-à-dire la mémorisation de la musique que l'on veut faire entendre) comme dans la diversité à respecter dans le choix des oeuvres, pour présenter notre patrimoine musical aux élèves.
Un contenu
La définition d'une thématique annuelle, nécessaire à la cohérence des activités proposées est souhaitable.
Les programmes officiels définissent cette thématique pour la seule classe de 6e, en la centrant sur la connaissance des formations instrumentales et vocales. La série des Objectif propose, en relation avec les programmes d'histoire, la connaissance des époques pour la classe de 5e et celle des genres et types d'écriture pour la classe de 4e.
Les thématiques définies abordent, pour chaque niveau, les époques, esthétiques et genres différents de manière à respecter l'équilibre dans les oeuvres choisies. La classe de 3e synthétise l'ensemble des apprentissages et contenus disciplinaires par le choix de six oeuvres permettant de mettre en perspective l'ensemble des oeuvres abordées depuis la classe de 6e.
Le choix des oeuvres doit permettre d'appréhender les musiques les plus significatives et les plus abordables
24 oeuvres de référence jalonnent l'activité d'écoute sur l'ensemble de la formation dispensée au collège. Toujours difficile, toujours discutable et parfois imposé de l'extérieur, un choix reflète la sensibilité et la formation de celui qui l'effectue.
Toutefois il est nécessaire de penser d'abord que l'on s'adresse à des enfants (et non à des étudiants en musicologie). Les oeuvres qui nous paraissent les plus banales ne sont pas forcément pauvres et elles méritent aussi d'être présentées à des élèves qui ne les connaissent pas.
Il ne s'agit pas d'effectuer un cours d'histoire de la musique, ni d'organiser ces écoutes à partir de sujets de type synthétique (la musique vocale par ex.), au risque de s'enfermer dans une démarche manquant d'ouverture et inadaptée au collège.
Les oeuvres retenues doivent offrir une appréhension claire (par le langage, la structure, et l'instrumentation), séduire et favoriser l'élaboration d'un programme qui respecte l'équilibre dans le choix des compositeurs comme dans celui des répertoires abordés.
Autour de ces oeuvres de référence, l'audition de brefs extraits donne le goût d'écouter de la musique
Le répertoire constitué par les oeuvres de référence participe au développement des compétences d'écoute des élèves. En complément, l'audition de brefs extraits éclaire et enrichit la démarche d'écoute. Ces extraits, placés facilement à tout moment du cours d'éducation musicale, offrent de nombreux avantages. Ils représentent un court moment d'activité informelle, où le plaisir musical partagé se libère de toute contrainte. Ils créent aussi l'habitude d'écouter de la musique en se raccrochant à ce que l'on a entendu, tout en démystifiant l'aspect savant de l'activité d'écoute. Par le choix d'oeuvres complémentaires, ils apportent enfin une souplesse bienvenue dans l'établissement d'une liste d'oeuvres à écouter et forgent une culture.
Une démarche
Plusieurs écoutes sont nécessaires pour tout entendre et bien mémoriser
L'écoute d'un extrait d' oeuvre s'effectue sur plusieurs séances, comme autant d'étapes à franchir pour percevoir réellement la musique étudiée. Après une première approche globale et sensible, les points d'ancrage des écoutes suivantes sont déterminés en fonction de la thématique de l'année et des éléments musicaux les plus directement perceptibles.
Les extraits doivent rester courts et être maintes fois écoutés pour être mémorisés. Un trop long moment d'attention auditive empêche de se souvenir de ce qui a été entendu au début.
Ne jamais oublier que ce qui paraît évident, parce que parfaitement connu du professeur, doit être adapté au niveau des élèves.
L'acquisition d'une méthode est indispensable pour apprendre à entendre et se forger une culture...
Pour être active et offrir aux élèves des possibilités opportunes d'investigation, l'écoute a besoin d'outils. Le premier d'entre eux est une grille d'écoute. Axée vers la thématique du moment, elle offre un cheminement sûr et l'emploi d'un vocabulaire approprié.
D'autres supports aident à mieux s'approprier la musique écoutée et contribuent à l'acquisition d'une culture : des schémas, représentant le déroulement du discours ou les masses sonores, soutiennent la mémoire auditive ; de même que la vue d'un tableau éclaire l'esthétique de l'oeuvre étudiée.
...mais l'essentiel est d'écouter la musique : ce n'est pas avec l'oeil qu'on l'écoute mais avec l'oreille !
Comme pour les autres domaines, l'activité d'écoute impose un contenu, un rythme de travail régulier et une progression : ce sont les conditions indispensables d'un enseignement réussi.
Faire vivre la musique est la meilleure manière de convaincre les élèves, plus attirés par le plaisir immédiat d'une pratique vocale et instrumentale que par une activité qui nécessite de la concentration.